Thomas Cazeneuve – Chessboxing

« Je veux rester n°1 et j’essaye d’aborder mes combats comme mon premier, en mode outsider, sans pression. »

Palmarès :

– 10 combats : 10 victoires.
– Double champion du monde (2017 et 2019).

Témoignage :

Romain Thomas : « Bonjour, peux-tu nous donner une description rapide du Chessboxing ? »

Thomas Cazeneuve : « C’est un mélange de boxe anglaise et de jeu d’échecs, inventé par Enki Bilal dans sa Trilogie « Froid Équateur ».  Pour faire simple, nous alternons à chaque round, 3 minutes de ces deux disciplines consécutivement. Un combat se termine selon les règles de la boxe (« KO » par exemple) ou celle des échecs (« échecs et mat »). »

RT : « Ce sport se démocratise et se structure dans de nombreux pays, notamment en France, peux-tu nous dire un mot à ce sujet ? »

TC : « De nombreuses fédérations se développent car c’est un sport complet, qui véhicule des valeurs fortes. Dans certains pays, comme la Russie, la fédération nationale existe depuis plusieurs années et ils ont déjà leur propre championnat national. En France nous avons un peu de retard ! La fédération vient de voir le jour, il y a une réelle demande pour la création de clubs et l’organisation de combats. A terme, j’espère bientôt voir ce sport aux JO ! »

RT : « Pourquoi la nutrition et le mental te semblent si important dans ta préparation ? »  

TC : « Cela reste un sport de combat avec pour objectif de vaincre son adversaire. Il faut arriver sur le ring en étant solide physiquement mais aussi mentalement. Le mental joue en effet un rôle déterminant que ce soit en boxe ou aux échecs bien sûr. Arriver dans le meilleur état d’esprit possible pour gagner est pour moi essentiel.  
La nutrition joue aussi un rôle clé, je combats en catégorie « -65kg » personnellement et je suis actuellement à 72kg environ (NDLR : pendant la période d’entraînement), je suis donc un programme alimentaire spécifique pour atteindre ce poids tout en limitant au maximum la perte d’énergie. »

RT : « Tu as pu, entre autre, me parler lors de nos entretiens, de combats épiques, mettant certains de ces aspects en évidence … pourrais-tu nous raconter cela plus en détails et décrire l’un de ces duels par exemple, avec toute la complexité que cela engendre ? »

TC : « Pour illustrer l’importance du mental et l’impact qu’à ce dernier sur notre corps, je me souviens d’un combat contre Timur, un Ukrainien, en décembre 2017. Au premier round d’échecs et de boxe le combat est équilibré. Au deuxième round d’échecs je commence à prendre l’avantage et avoir de l’attaque sur son roi, par conséquent, au cours de ce deuxième round de boxe, il augmente le rythme et il me touche notamment au foie, je suis compté mais je passe quand même le round… dans la douleur ! Nous arrivons au troisième round d’échecs, qui devient décisif. A la fin de ce dernier, j’ai une position gagnante et je pense faire « échecs et mat » au prochain coup. Cependant, il a eu une bonne stratégie, en faisant en sorte de jouer tous ses coups lentement pour que le round dure le plus longtemps possible, puis il sacrifie sa dame pour gagner un coup supplémentaire au moment où la cloche sonne au terme des 3 minutes. A ce moment là on se regarde, on sait tous les deux que ce sera le dernier round de boxe et que s’il ne me met pas KO je gagne le combat aux échecs juste après. Je me souviens mettre mes gants, revenir au centre du ring en me disant « Ok, t’as 3 minutes à tenir, quoiqu’il arrive tu ne tombes pas et tu tiens », tout en visualisant sur la tête de mon adversaire tout ce pourquoi je me bats… et je n’ai aucun souvenir du round de boxe qui suit ! Je me revois seulement revenir dans mon coin rapidement, 3 minutes après, encore debout.
J’ai pu terminer ce duel aux échecs, puis j’ai vomi sur le ring et je suis tombé dans les pommes avant que l’on me transporte à l’hôpital ! J’ai l’impression que mon corps a agit tout seul. « 

RT : « Tu as été sacré champion du monde à nouveau en décembre dernier. Qu’est-ce que cela fait d’être au sommet de la discipline et quel est ton état d’esprit aujourd’hui avec ce nouveau statut de leader ? »

TC : « C’est motivant mais challengeant également, car je suis un peu l’homme à abattre de la discipline ! D’autant plus qu’il y a un nombre croissant de concurrent. Mais ça me va, je les attends ! »

RT : « As-tu réfléchis à tes ambitions futures et comment abordes-tu les échéances à venir maintenant ? »  

TC : « Je continue à m’entrainer, je veux rester n°1 et j’essaye d’aborder mes combats comme mon premier, en mode outsider, sans pression. Je compte gagner le prochain championnat du monde à nouveau cette année, même si le niveau sera encore plus relevé ! »  

RT : « Merci Thomas pour ces réponses et merci pour ta confiance. A bientôt. »

Prendre rendez-vous Doctolib